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Quand l'Église accepte la théologie de l'État...

Dernière mise à jour : 19 janv. 2022

Depuis déjà un bon moment, j’entends de plus en plus souvent une devise dans le monde dit évangélique. Cette devise est très intéressante, car elle en dit beaucoup sur la condition de notre réflexion concernant les circonstances actuelles. Voici ce que nous entendons : « Les mesures restrictives que le gouvernement impose aux églises ne sont pas d’ordre théologique, mais sanitaire. »


Lorsque j’entends cela, je ne peux m’empêcher d’y voir le dernier souffle désespéré — le dernier bastion, en quelque sorte — d’une certaine idéologie extrémiste de l’obéissance au gouvernement (voir mon article : En passant, l’obéissance civile n’est pas le seul commandement de Dieu.) Je crois que beaucoup de ceux qui affirment cette devise comprennent, dans le fond, que le gouvernement va trop loin dans ce qu’il impose aux églises et aux chrétiens (pour ne pas dire aux citoyens en général…), qu’il franchit la sphère de l’autorité que Dieu lui a donner. Mais pour certaines raisons, au lieu de commencer à penser à peut-être réfléchir sur la possibilité que nous devons surement commencer à désobéir au gouvernement sur certaines mesures (oui, cette phrase bizarre est volontaire), nous nous cachons dernière une devise qui efface tout : Certes, entendons-nous, habituellement, nous ne devrions pas obéir à ces restrictions, mais parce que les impositions du gouvernement sont sanitaires et non théologiques, nous nous soumettons volontairement à tout.


Pour être sincère avec vous, je trouve scandaleux de penser et d’affirmer que les mesures restrictives envers l’Église ne sont pas d’ordre théologique, mais purement sanitaire. Oui, je comprends que ceux qui affirment cela veulent dire que le gouvernement ne vise pas spécifiquement les doctrines que l’Église croit, mais qu’il agit uniquement pour protéger les citoyens contre la COVID-19 (ou les conséquences élargies dues au virus, etc.) Mais encore là, je trouve que c’est une erreur grossière qui a des conséquences graves pour les décisions que les églises doivent prendre.


Voyez-vous, la réalité est qu’absolument toutes les décisions que prend l’État sont théologiques. En fait, tous les choix que font tous les hommes de tous les milieux sont d’ordre théologique. Qu’est-ce que je veux dire ? Tout simplement que tout ce que nous faisons, nous le faisons à partir de notre vision de Dieu, du Monde et de la conception que nous avons de la vérité (ou de l’absence de celle-ci.) Même les actions d’un athée sont basées sur sa théologie, car rejeter l’existence de Dieu est une pensée sur Dieu.

« Car il est tel que sont les arrière-pensées de son âme. » (Proverbes 23.7)

Ainsi, les actions que nos premiers ministres prennent concernant l’Église sont profondément théologiques. D’oublier cela influencera beaucoup nos réflexions, nos discussions et nos décisions. En fait, je crois que c’est une grande part de ce qui est en train de se produire : en oubliant cela, nous avons tranquillement et sans s’en apercevoir acceptés certaines facettes de la théologie de l’État.


Je me limiterai à seulement deux exemples :


1) L’Église à acceptée d’être considérée essentielle.


Bon, je sais que plusieurs sont tentés d’arrêter de lire ici. Vincent, c’est quoi ton problème avec le fait que l’Église soit (était) vue essentielle par l’État ? N’est-ce pas là une victoire pour l’Église ? En toute sincérité, non. Voyez-vous, faut-il encore définir ce que l’État entend par essentiel. Je remercie le Seigneur pour tous les efforts que beaucoup de leaders ont faits et font encore auprès du gouvernement afin que celui-ci soit moins restrictif sur les lieux de cultes, etc. ; mais je vous avoue que j’étais quelque peu étonné quand les chrétiens criaient victoire à l’unissions parce que l’Église fut pour un temps dans la catégorie essentielle. Car dans les faits, aux yeux du gouvernement, nous l’étions autant que la Société des Alcools du Québec [SAQ]…


Maintenant, le gouvernement est revenu sur sa décision et les églises sont fermées tandis que la SAQ, par exemple, demeure ouverte. C’est pourquoi beaucoup essayent de faire en sorte que le gouvernement replace l’Église dans la catégorie essentielle. Ce que je trouve inquiétant, c’est que, si jamais le gouvernement accepte, beaucoup de chrétiens crieront victoire de nouveau. Le problème que je vois est que — sans s’en rendre compte — nous avons accepté la théologie de l’État concernant l’essentialité de l’Église. En d’autres mots, nous sommes heureux et satisfaits si nous sommes sur le même pied d’égalité que la SAQ. C’est aberrant, n’est-ce pas ?


Avons-nous oublié que les églises locales sont infiniment plus importantes que les succursales de la SAQ ? Devrions-nous simplement accepter que l’Église soit dans la même catégorie dite essentielle ? Voyez-vous, bibliquement parlant, la SAQ n’est vraiment pas essentielle, mais l’Église l’est réellement. L’Église est même plus qu’essentielle, elle est vitale pour les chrétiens et pour l’humanité.

« Tout cela je te l’écris avec l’espoir de me rendre bientôt auprès de toi ; mais — au cas où je tarderais — c’est pour que tu saches comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité. » (1 Timothée 3.14-15)

Mais l’Église a acceptée la théologie de l’État, car il semble qu’elle-même ne considère plus vital son rassemblement en chair et en os, son témoignage visible de l’Évangile et de l’amour du Christ, sa proclamation publique de la vérité, ses ordonnances du Repas du Seigneur et du baptême, ses chants, sa communion les uns avec les autres, son évangélisation, ses œuvres, etc.


Si les services vitaux comme les hôpitaux et les épiceries ne ferment pas en raison de la survie des citoyens, les rassemblements des enfants de Dieu — là où tous peuvent reconnaître les disciples du Christ à l’amour qu’il ont les uns pour les autres (Jean 13.35)  ; là où les secrets des cœurs sont dévoilés et que tombant sur leur visage, les auditeurs adorent Dieu en disant qu’il est véritablement au milieu des frères et sœurs (1 Corinthiens 14.24)  ; là où les dons et les services souverainement distribués par l’Esprit sont mis en pratique pour l’édification commune (1 Corinthiens 12.4-7) – oui, ces rassemblements vitaux pour l’âme des chrétiens et des païens, ne devraient-ils pas rester ouverts ?


Savez-vous qu’en ce moment au Québec, des groupes tels les Alcooliques Anonymes [AA] sont considérés comme des services sociaux vitaux, et qu’ainsi ils demeurent ouverts et n’ont pas besoin de demander le passeport vaccinal ? Savez-vous que dans ces groupes, le credo des 12 étapes est récité, que le Nôtre Père est prié, qu’ils confessent certains péchés et tentations les uns aux autres, qu’ils s’encouragent mutuellement et qu’ils écoutent des témoignages pour s’édifier ? Dans la théologie du gouvernement, les AA sont vitaux, comme l’hôpital, mais pas les cultes du Dieu Saint. Et dans la nôtre?



2) L’Église a acceptée que la propagation de la COVID soit le plus grand danger.


Le gouvernement du Québec et la République française se disent tous deux laïques ; ses dirigeants respectifs sont ainsi engagés à ne pas diriger l’État influencés par une quelconque religion. Dans les faits, les deux nations sont dirigées par une vision naturaliste et athée du monde. Qu’est-ce que cela change ? Absolument tout.


Cela change que pour le gouvernement, il n’y a pas de péché originel, ni de nature pécheresse, ni de démons, ni de colère de Dieu, ni de feu éternel. Ainsi, aucun des dangers spirituels qui s’abattent sur l’homme ne motivent ses décisions. Dits autrement, les dangers physiques pouvant causer la mort sont l’ennemie ultime, et toutes mesures sont justifiées si elles peuvent éloigner cette ennemie.


Mais que croit et confesse l’Église du Seigneur ?

« Et ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent pas tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut détruire et l’âme et le corps, dans la géhenne. » (Matthieu 10.28)

Les chrétiens ne peuvent donc pas accepter cette vision du monde où la pire chose qui peut arriver aux humains est d’être malade et de mourir. Non ! La pire chose qui peut arriver à nos concitoyens est de mourir dans leur péché, sans Christ, et d’être jeté pour toujours dans le feu éternel de la colère de Dieu. D’oublier cela est de faire une très grave erreur qui aura certainement des répercussions, comme de négliger les occasions d’évangélisation…


Et n’oublions pas les chrétiens, car même s’ils possèdent la vie éternelle, reste que :

« […] votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde autour de vous, cherchant qui dévorer. Résistez-lui, étant fermes dans la foi […] » (1 Pierre 5.8-9)

Dans le Nouveau Testament, le combat spirituel est fait ensemble, principalement en étant assemblée en chair et en os. Les chrétiens séparés sont des cibles faciles. En tant que pasteur, je suis aux premières loges pour remarquer les dégâts. Et s’il vous plait, ne me répétez pas que nous pouvons nous appeler par téléphone ou nous voir par Zoom… L’un des moyens les plus efficaces pour aider un mari qui est tenté à la pornographie n’est pas d’appeler sa femme sur FaceTime... mais de lui faire l’amour (1 Corinthiens 7.1-5).


Mais l’Église semble oublier que le péché est plus dangereux que la contagion, que Satan est plus dangereux que la COVID, et que l’enfer est plus dangereux que la mort. Et quand ces réalités sont oubliées, il devient peut-être logique de demander un passport vaccinal pour se rassembler avec l’Église…


Alors oui, les mesures sanitaires sont motivées par des convictions théologiques et nous devons en être conscient. Car tout ce que nous faisons ou ne faisons pas en tant qu'Église en dit beaucoup sur notre théologie. L'un de mes plus grand intérêt est l'Histoire de l'Église. Et ce que j'apprécie le plus n'est pas tant les faits, mais ce que les faits disent sur l'Église du passée. Lorsque les générations futures regarderons ce que les églises du Québec et de la France ont faites durant les années de la pandémie, que pourront-elles conclurent sur notre théologie ?



Vincent Lemieux

Soli Deo Gloria

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3 Comments


Guest
Feb 07, 2022

Je suis d'accord avec l'essence du message. Ma tristesse est cependant que nous cherchons à faire réouvrir les églises alors que tout ce qui a fermé ce sont des bâtiments où la majorité des gens allaient pour un spectacle. Je ne suis pas en désaccord avec l'obéissance à Dieu plutôt que l'État si c'est pour soutenir des gens dans le besoin, pour la confession ou la prière. Mais si tout ce que nous voulons faire ses ouvrir nos salles de spectacles, ce n'est pas ça l'Église. Si nous vivions dans de vrai communauté de croyant comme Actes 2 nous le montre, j'accepterais la désobéissance. Ce n'est malheureusement pas le cas de la majorité des églises du Québec.

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Guest
Jan 28, 2022

Car il est préférable d'obéir à Dieu plutôt que d'obéir aux hommes.

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Guest
Jan 20, 2022

100% d'accord avec toi mon frère! Très bien expliqué

Ne nous conformons pas au siècle présent. Dieu est nôtre Chef et ne négligons pas le corps du Christ soyons unis!

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